Dans le cadre de leur engagement associatif au sein de l’association Démosthène, deux étudiants de 4ème année du Campus des Transitions ont organisé et animé une conférence avec Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales et professeur émérite à Sciences Po. Cette conférence était organisée en partenariat avec Sciences Po Rennes.
Lors de cette conférence, Bertrand Badie a livré son analyse sur la genèse de la guerre en Ukraine ainsi que les mutations contemporaines dans la manière de faire la guerre.
Le politiste est d’abord revenu sur le caractère inédit du conflit russo-ukrainien. Cette guerre est en effet, d’après lui, l’illustration de la victoire des peuples sur les stratèges. En cela, elle témoigne de la fin des guerres de conquête et du début des guerres sociales.
L’appropriation sociale des territoires par les peuples voue, d’après lui, les guerres de conquête à l’échec. Cette rupture n’est toutefois pas perçue par les dirigeants actuels selon Bertrand Badie.
La guerre n’est plus une compétition de puissances où chacun partage la même rationalité
Bertrand Badie considère que la guerre en Ukraine n’est pas une troisième guerre mondiale, mais la première guerre mondialisée. Tous les Etats du monde y sont impliqués, ce qui génère des réactions en chaîne incontrôlables; A ce titre, il considère que les effets des sanctions en sont une bonne illustration : gaz, blé, pétrole …
Bertrand Badie a ensuite dressé le constat de la construction d’une diplomatie nouvelle. Selon lui, l’interprétation donnée par Vladimir Poutine à ses défaites lui a permis de diaboliser l’Occident, et, en celà, de se rapprocher des pays du Sud global. De nouvelles solidarités se sont créées avec et entre les pays du Sud, et s’expriment notamment dans les votes des résolutions de l’ONU.
Enfin, et dans le contexte de la campagne pour les élections européennes, Bertrand Badie a souligné le désemparement de l’Europe. D’après lui, l’Europe exprime à la fois une difficulté à sortir d’un ordre du monde post-bipolaire, mais aussi à ne plus se penser comme centre. En résumé, le politiste considère que l’Europe n’arrive pas à se définir par rapport à la mondialisation.
Les questions de l’animation ont ensuite amené Bertrand Badie et l’auditoire à échanger sur l’Europe de la défense, les élargissements de l’Union Européenne, la pertinence des organisations internationales telles que l’ONU pour résoudre les conflits…
Quelque 150 personnes ont assisté à cette conférence, suivie d’un temps d’échanges avec le public et d’une séance de dédicaces.