Du 12 au 14 février 2024, les représentants de l'architecture de Yaoundé se sont rendus à Brest pour préparer le lancement de l'exercice majeur de sécurité maritime Grand African NEMO 2024. Dans ce contexte, la Chaire « Mers, maritimités et maritimisations du monde » de Sciences Po Rennes portée par Madame Virginie Saliou en coopération avec la Préfecture maritime de l’atlantique a organisé une rencontre avec les étudiantes et les étudiants de Sciences Po Rennes mardi 13 février 2024 pour échanger et saisir les problématiques inhérentes aux insécurités maritimes dans le golfe de Guinée.
Les représentants des principaux États des organisations supranationales locales, notamment la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) et la Commission du Golfe de Guinée (CGG), étaient présents aux côtés des représentants de la préfecture maritime de l'Atlantique pour discuter de leur modèle de coopération visant à faire face aux défis d'un espace maritime immense et en évolution constante.
Ainsi, l'insécurité maritime qui touche le golfe de Guinée est un phénomène multiforme, parmi lesquels figurent les actes de piraterie, le brigandage, la pêche illégale non déclarée et non réglementée, la pollution marine, le trafic de drogue et les déplacements illégaux de populations. Les conséquences pour les populations locales sont extrêmement lourdes et peuvent se chiffrer à plusieurs milliards de pertes. Parallèlement, l'insécurité s'accentue, tout comme les préoccupations concernant la souveraineté des États.
Les États côtiers de la zone, du Sénégal à l'Angola, se sont donc organisés pour lutter contre l'insécurité maritime et développer une économie bleue dans le cadre de ce qui est nommée l'architecture de Yaoundé. Cette volonté commune est le fruit d'un processus de coopération long et complexé porté entre 2009 et 2013 par 26 États dont 19 sont côtiers. Il est crucial de saisir que cette zone géographique revêt une importance capitale, étant un hub maritime majeur. Elle abrite de nombreux ports aux enjeux géopolitiques significatifs, notamment en ce qui concerne les matières premières et la sécurité énergétique.
Devant l'importance et la nécessité de protéger les ressortissants et les intérêts locaux de cette zone géographique, l'intervention de la marine nationale prend tout son sens. Les représentants de la zone maritime Atlantique participent ainsi à l'organisation de la coopération maritime entre la France, l'Union européenne et les nations riveraines, offrant un soutien matériel et technique aux marines locales tout en maintenant une présence sur le terrain. Cette approche coopérative, basée sur le partenariat et le respect de la souveraineté des États, rejetant dès lors toute ingérence, est renforcée par le leadership des États de l’architecture dans cette collaboration, au regard de leur résilience étatique et économique.
Cette conférence fut l'occasion pour les étudiantes et les étudiants du parcours de master Sécurité, Défense et Intelligence Stratégique coordonné par Mme Anne CAMMILLERI et M.Franck Nicol ainsi que les étudiantes et les étudiants du parcours de master Europe et Affaires Mondiales coordonné par M. Alan Hervé d’en apprendre plus sur cette coopération maritime inédite entre États africains et partenaires internationaux pour la sécurisation des océans. Depuis la mise en place de l'architecture de Yaoundé, le nombre d'attaques s'est considérablement réduit. Cette architecture, bien que récente, peut être considérée comme un exemple à l'échelle internationale, car peu d'États ont atteint un tel niveau de coopération dans le domaine de la défense.